Réalisation | 30•11•20

Deux ans à peine après son LBO quaternaire avec Latour Capital, le management de l’intégrateur de réseaux télécoms aux 700 M€ de revenus s’émancipe grâce à un sponsorless mené par Actomezz […].

CF News
Par Houda El Boudrari
Le 27 novembre 2020

La deuxième tentative fut la bonne pour Actomezz qui avait candidaté au process de 2018 remporté par Latour Capital, accompagné de BPI France, de BNP Paribas Développement et de Paluel Marmont Capital, pour la prise de contrôle majoritaire de Sogetrel valorisé environ 170 m€ à l’époque.

Si le management mené par Xavier Vignon n’était pas encore mûr pour prendre le contrôle de l’entreprise il y a deux ans, sa lassitude des process à répétition, et dans un laps de temps de plus en plus court, l’aurait convaincu de sauter le pas cette fois-ci. Les négociations menées par DC Advisory ont permis à la fois de satisfaire les attentes de valorisation de Latour Capital qui a cédé l’entreprise quelque 300 m€, soit près du double du prix payé il y a deux ans, et l’envie du management de prendre en main son destin et de s’inscrire dans un cycle plus long grâce à un sponsorless mené par Actomezz, qui signe là un accord exclusif pour le deuxième investissement du fonds de 500 m€ levé cet été.

Il faut dire que la franchise d’Andera, qui avait fourni la mezz du LBO ter avec Quilvest en 2015, a mis toutes les chances de son côté cette fois-ci. Elle a dégainé une offre ferme lui permettant de devancer les fonds majoritaires, grâce au pool constitué avec le family office Luxempart (invité par Actomezz), Capza (ancien mezzaneur du LBO bis avec Equistone), BNP Paribas Développement (présent dans le précédent tour de table) et Idia (candidat malheureux au process de 2018). Tout ce beau monde intervient à la fois en obligataire et en equity, donnant la majorité du capital à la centaine de managers de Sogetrel. Dans un second temps, un FCPE devrait être structuré pour élargir l’actionnariat à l’ensemble des salariés du spécialiste de l’installation et de la maintenance des réseaux télécoms. Le montage est adossé à une dette senior inférieure à 3,5 fois l’Ebitda arrangée par Société Générale, LCL et Banque Palatine, et le closing est prévu au premier trimestre 2021.

Revenus triplés en cinq ans

Si Latour Capital était si pressé de sortir, c’est pour empocher les fruits de la sur-performance de Sogetrel qui a connu une croissance ultra-rapide ces dernières années, passant de 250 M€ de chiffre d’affaires en 2015 à plus de 700 m€ prévus pour l’exercice 2020 pour un Ebitda d’environ 40 m€.

Créé en 1985, le groupe enregistre une hausse incessante de ses revenus depuis 2012, deux ans après l’arrivée aux manettes opérationnelles de son dirigeant actuel Xavier Vignon. Sogetrel s’est donc imposé comme un acteur important de l’ « irrigation numérique des territoires » via l’installation du câble ou de la fibre, tirant l’essentiel de sa croissance du plan France Très Haut Débit, lancé en 2013 pour connecter les zones blanches.

S’il a réalisé quelques petites acquisitions ces 24 derniers mois (Infratel, Sécurité Consultants, Sur&tis et Sysca), l’essentiel de sa croissance s’est fait jusque là en organique hormis l’opération structurante sur Eryma, le pôle de sûreté électronique du groupe SFPI acquis en 2017 et qui lui a permis de se positionner sur la sûreté électronique sur IP.

Le groupe francilien, qui emploie 5.000 salariés, est également présent sur le marché du déploiement de solutions digitales au service de la Smart City et le segment prometteur des field services où il veut se développer par le biais d’acquisitions ciblées. « Sogetrel compte accélérer sa stratégie de croissance externe pour compléter son offre, notamment sur le mobile où il est encore peu présent, et poursuivre son expansion internationale », indique Arnaud Faure, associé d’Andera Partners qui, en s’entourant de co-investisseurs aux poches profondes, s’est donné les moyens de remettre au pot le cas échéant pour financer des acquisitions. De quoi laisser le temps au management de mener sa stratégie de croissance sur un cycle plus long avant de se lancer à nouveau dans un process qui, cette fois-ci, intéressera peut-être aussi des fonds infra friands du secteur.


Actionnaires 
Management : Xavier Vignon, Renaud Morelet
Investisseurs financiers : ActoMezz (Arnaud Faure, Jean-Baptiste Bessières,  Antoine Soucaze), Luxempart (Olaf Kordes,  John Penning, Jean-Philippe Kamm,  Sébastien Aaron), Capza (Christophe Karvelis, Maureen Planchard, Laure Tallon), BNPParibas Développement (Delphine Larrandaburu, Arthur May, Sophie Hemond), Idia Capital Investissement (Anne-Caroline Pace-Tuffery, Ludovic Kessler, Eric Le Cann)  

Avocat d’Affaires Financement
Management : McDermott Will & Emery (Pierre-Arnoux Mayoly,  Shirin Deyhim),
Investisseurs financiers : Hogan Lovells (Alexander Prémont, Sophie Lok,  Louis Reynold de Seresin),

Conseil Financement
Management : Finaxeed (Vincent Rivaillon)
Investisseurs financiers : Messier Maris & Associés (Laura Scolan, Elodie Dewynter, Clémence Richardot)

Financement
Société Générale : Julien Brion, Hadrien Douard
LCL : Quentin Viltart, Bao Chau Hang, Frédéric Baslé
Banque Palatine : Etienne Pirard, Pascal Augé-Cabanier, Thomas Vidal